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Dossier de la redaction

Récurrence de signatures par l'Etat de contrats de Partenariat Public-privé : Attention Danger !

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Récurrence de signatures par l'Etat de contrats de Partenariat Public-privé : Attention Danger !

«Le partenariat public-privé (Ppp) est devenu un outil qui favorise la vie à crédit et le surendettement !». Ces mots, crachés en 2012 par François Hollande, traduisaient un ras le bol généralisé. Sentiment amer, qui avait accompagné des années de fiasco dans les Ppp. Mais, ces fiascos, chez nous, on semble les ignorer. Devant construire plus d’infrastructures, avec moins de ressources, en peu de temps, l’invite aux Ppp reste aujourd’hui, une des chansons favorites du Président Macky Sall. Méconnaissance ou mépris volontaire des risques ? En tout cas, jamais dans notre pays, les portes de l’économie et surtout des infrastructures, ne furent aussi ouvertes aux partenariats publics-privé.

Le port avec Dp World, Nercotrans, l’Aibd, l’autoroute à péage et ses prolongements, tous ces projets ont été ficelés sous forme de Ppp. Et l’actuel chef de l’Etat ne compte pas s’arrêter en si bon chemin: «Nous avons des besoins énormes en infrastructures pour soutenir nos ambitions de d’émergence. (…). Au delà des infrastructures routières, autoroutières ferroviaires (avec le train express régional qui va relier Dakar au nouvel aéroport international), je crois qu’il y aura forcément du partenariat public-privé», avait déclaré Macky Sall au forum sur les Ppp, proposant la construction d’hôpitaux, d’écoles, d’infrastructures hôtelières aux privés. Ce, au moment où en occident, les échecs répétitifs dans les Ppp, ont jeté la méfiance sur cette façon de faire les affaires.

Origines d’un instrument à double tranchant

Mais pour connaitre les Ppp, il faut remonter jusqu’à ses origines. Ils sont nés vers la période des ajustements structurels en Grande Bretagne sous l’appellation de Private Finance Initiative (Pfi). Aujourd’hui, le partenariat public-privé est un mode de financement par lequel une autorité publique fait appel à des privés pour financer et gérer un équipement assurant ou contribuant au service public. Le partenaire privé se fait rembourser en contrepartie, soit par l’Etat, soit par les usagers du service qu’il gère (exemple l’autoroute à péage), soit par les deux.

Promu et soutenu par la Banque mondiale et l’Ocde, du fait de l’explosion de la dette des Etats à l’époque, cette forme de partenariat, s’exportera dans plusieurs pays, surtout dans nos Etats impécunieux. Ils accroissent les investissements sans s’endetter véritablement ou en repoussant la dette soit sur les usagers soit à plus tard. En 2012, les études ont montré que dans le monde, le marché des Ppp, rien que pour les projets de plus de 20 millions de dollars, culmine à 86 milliards de dollars.

Les avantages qu’on leur prête : l’efficience, le rendement, la maîtrise des coûts et du timing, une meilleure conception des projets, la qualité des services, la garantie d’un entretien approprié dans les temps et permettre à l’Etat de se détacher de la gestion courante pour se centrer sur les produits et les résultats escomptés. Mais derrière ce visage radieux, se cache un océan de scandales et d’échecs.

Le Fiasco d’Eiffage en France

En France, par exemple, la construction du Centre hospitalier sud-francilien, reste un des symboles de l’échec des Ppp. Sa construction et son exploitation devant couter 780 milliards de Cfa au contribuable français, 11 mois après sa «livraison», le «mégahôpital», où des milliers de malfaçons ont été dénombrées, n est pas conforme aux normes! La presse française n’avait pas hésité à parler de fiasco. L’entreprise bénéficiaire du contrat avait exigé 185 millions d’euros supplémentaires pour réparer les imperfections. Et cette entreprise, vous la connaissez très bien, elle officie ici chez nous et a raflé de gros marchés dans le domaine même des Ppp au Sénégal. Il s’agit de la société Eiffage! Elle a construit l’autoroute à péage, financé à hauteur de 318 milliards sur 380 milliards de Cfa par l’Etat, qu elle exploite pour 30 ans.

Que dire du projet Ecotaxe où l’Etat français, qui a décidé d’abandonner le projet, est condamné à payer plus de 545 milliards de Cfa (839 millions d’euros) à Ecomouv. Soit, le 1/3 des ressources du Sénégal. Notre pays pourrait-il supporter ce genre de saignée ?

Face aux nombreux dérapages de ces Ppp, le Sénat français avait alerté le 16 juillet 2014. Pour lui, le contrat de partenariat est «un outil à haut risque pour la puissance publique». «Le contrat de partenariat présente plusieurs effets néfastes, notamment pour les générations futures. Sur le plan financier, le contrat de partenariat est une bombe à retardement budgétaire souvent ignorée par des arbitrages de court terme», avait indiqué le sénat français dans un document intitulé «les contrats de partenariat : des bombes à retardement?».

Scandales et corruption

Les dérapages dans les Ppp, le Canada n’y a pas échappé. Au Québec par exemple, ce que les médias ont jugé comme étant «la plus grande fraude de corruption de l’histoire du Canada», est né dans le domaine des Ppp. En effet, le vérificateur général avait décelé, au terme d’une enquête, que l ex-Pdg de Snc-Lavalin Pierre Duhaime et le président de sa division construction Riadh Ben Aïssa ont versé 22,5 millions de dollars en pots-de-vin à deux hauts responsables du Centre universitaire de santé McGill (Cusm), afin de rafler le contrat de 1,34 milliard dollars pour la construction en Ppp du nouvel hôpital universitaire anglophone.

Suffisant pour que la fin des Ppp, au Quebec, soit sifflée. «Des Ppp, on n en fera plus au Québec», avait déclaré avec humour l ex-ministre des Finances Monique Jérôme-Forget. Des exemples d’échec de ce genre, il y en a à foison. Toujours au Canada, le Ministère des transports du Québec, qui a signé un contrat avec un privé pour la construction de haltes routières, a vu l’entreprise la poursuivre en Justice et lui réclamer plus de 25 milliards de Cfa quand ledit ministère a refusé de lui payer ses bonus de performance.

En grande Bretagne, 10 à 15 % des investissements publics britanniques étaient réalisés en Pfi (private finance initiative). Mais, une étude du National Audit Office a montré que les conséquences d un tel mode de gestion, ne sont finalement pas positives d un point de vue financier pour le contribuable ou l usager. De plus, le premier secteur bénéficiant du Pfi, les hôpitaux ont désormais de lourdes charges de remboursement, les taux d intérêt d’emprunts sont supérieurs aux taux qu aurait pu obtenir l État s il avait choisi l emprunt. Résultat : les Ppp ont été freinés, réexaminés et réformés par le gouvernement Cameron. Aujourd’hui, la Grande Bretagne est à l’air du Pf2.

Le Fmi: «Des risques budgétaires importants»

Les dangers du Ppp, les institutions financières ne les ignorent pas. Au contraire, le Fmi a longtemps attiré l’attention sur l’impact qu’ils peuvent avoir sur les finances publiques. «Les Ppp peuvent présenter des risques budgétaires importants: dépenses hors budget qui échappent désormais aux contrôles, dette hors bilan et création de passifs éventuels et futurs. Les Ppp réduisent la flexibilité budgétaire à long terme et peuvent menacer la viabilité macroéconomique», alertait le l’institution de Breton Woods dans un document intitulé «gestion des risques budgétaires liés aux Ppp» réalisé par Maximilien Queyranne.

Des risques de blanchiment aussi, il y en a dans les Ppp. Et c’est le Directeur des Financements et des Partenariats Public-Privé, Ibrahima Fall, qui confirme. Pour y parer, il faudra «réfléchir déjà aux moyens de défense, aux moyens de contrôle de le l’origine des financements». Car, M. Fall souligne : «Nous en interne, nous avons des moyens assez rudimentaires il faut l’avouer. Il n’y a pas encore dans la sous-région, des instruments de vérification des sources de financement. Nous avons des moyens, quand même qui nous permettent de nous assurer que nos partenaires avec lesquels nous sommes en relation nous présentent des financements licites, qui n’ont rien à voir avec ces activités délictueux».

Des textes pour parer aux risques

Les autorités du pays en charge des investissements se disent conscients de l’ensemble des risques qui accompagnent les Partenariats public-privé. Et certains instruments de notre arsenal permettent de les minimiser. «Sur les risques de blanchiment, nous avons cette nouvelle loi qui impose deux préalables pour qu’on puisse aller vers la signature de contrats de partenariat. Le premier préalable c’est une analyse de soutenabilité budgétaire. L’autre disposition, c’est l’évaluation préalable qui est rendue obligatoire pour tous les contrats de partenariat. C est-à-dire qu’aujourd’hui aucune administration ne peut conclure un contrat de partenariat sans avoir prouvé que le recours à ce mode de financement et de réalisation de projet est le plus pertinent», renseigne M Fall. Il révèle aussi qu’une structure dénommée Comité national d’appui aux Ppp, sera elle aussi aux côtés des administrations pour travailler sur les projets, de la formulation des idées jusqu’à la signature et le suivi des contrats.

Le Directeur des investissements : «Nous allons apprendre des échecs des autres»

Le Directeur des investissements, Abdoulaye Ly, lui, assure que l’Etat essaiera d’apprendre des échecs des autres : «il y a beaucoup de risques dans les Ppp. Mais, nous avons l’avantage d’être parti un peu en retard. Et nous allons apprendre des erreurs des autres, de leurs échecs. Et à cet égard il y a eu beaucoup d’erreurs qui ont été commises en Europe en Asie dans les Ppp. Nous les avons prises en compte, nous entendons éviter de faire ces erreurs. Nous avons eu des expériences pratiquement concluantes en Ppp. Nous comptons capitaliser sur la réussite et les échecs des autres en la matière». En guise d’exemple d’échec dans le domaine des Ppp, M Ly cite : « l’exemple le plus patent, c’est celui de l’aéroport de notre dame des Landes en France. Le contrat a été quasiment signé avec le groupe Vinci et maintenant les populations n’en veulent pas. Et le contrat va certainement être abandonné et Vinci insiste pour être fortement indemnisé. L’autre exemple, c’est la réhabilitation du Lac de Kivou en Rdc. Il a fallu que le Ppp soit signé pour que le lendemain, le Rwanda envahit le Zaire. On a dû abandonner le projet, le Groupe Belge a demandé à être indemnisé fortement», renseigne-t-il.

Déjà au Sénégal, après les usagers, le chef de l’Etat a lui-même mis sur la table la cherté du ticket du trajet de l’autoroute à péage. De seulement 25 km, il coute 1400 francs Cfa aux usagers. A la Sde, la récente pénurie d’eau avec la crise qu’a engendrée la détérioration du tuyau de Keur Momar Sarr a mis les projecteurs sur la vétusté du réseau et la timidité des investissements. Au grand dam des populations qui ont souffert le martyre. A l’Aibd (Aéroport international Blaise Diagne, les nombreuses rallonges du cout initial du projet (clé en main), réclamées sans cesse par le constructeur, ont porté aujourd’hui le cout de construction de l’infrastructure de 230 à 500 milliards de Cfa.

Mais, la véritable question, c’est de savoir si le Sénégal, avec ses maigres ressources, pourrait supporter les échecs subies par les pays à budgets forts ? Ses finances publiques pourront-elles supporter des saignées financières que pourraient engendrer des poursuites judiciaires et autres amendes colossales? Visiblement non. Toutes choses qui devraient amener nos autorités à être beaucoup plus prudemment avec les Ppp.

Dr Aliou Saware, spécialiste en PPP : «Le plus grand risque, c’est d’aller au partenariat public privé sans être informé»

Dr c’est quoi un partenariat public-privé ?

Les partenariats public-privé sont c’est une coopération sur le long terme. De 25 à 30 ans et permet à l’Etat de réaliser des infrastructures pour permettre aux populations d’accéder aux services sociaux de base. En retour, le privé est payé soit par l’Etat soit par les usagers.

Quel sont les risques dans le domaine des Ppp ?

Il y a beaucoup de risques comme dans tous les marchés. Mais dans les Ppp, il y a trop de risques également. Le plus grand risque c’est d’aller au partenariat public privé sans être informé. Sans avoir la même expérience et la même expertise que le secteur privé. Vous risquez de perdre dans ce Ppp. Et c’est cela la problématique des Etats africains.

Et comment les éviter ?

Dans les Ppp, il faut se préparer. Surtout les Etats. Etre au moins à un niveau égal avec le partenaire privé pour discuter et bien mettre en place les projets. Car dès que vous signez, c’est pour 25 à 30 ans. Si vous rompez, vous allez payer le manque à gagner que le privé vous réclamera.

Citez nous quelques Ppp au Sénégal.

Il y a beaucoup de projets de partenariat public privé réalisés au Sénégal. Au port entre Dp World et l’Etat du Sénégal, c’est un PPP, Nercotrans, c’est un Ppp, Aibd, c’est un Ppp, l’autoroute à péage, c’est aussi un partenariat public privé, etc.



27 Commentaires

  1. Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (09:35 AM)
    Bravo seneweb. Merci de continuer sur cette voie. Article intéressant et instructif.
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  2. Auteur

    From Zion

    En Mai, 2015 (10:08 AM)
    merci d eclairer le peuple à travers cette contribution. nous parlons assez souvent de choses que nous ignorons surtout nos sourdnalistes. le blem majeur dans le PPP reste la corruption. même ces histoires de dédomagement sont souvent orchestrees dans les bureaux climatisés des politiques. s il y a de la transparence dans le deal c est gagnant gagant pour les africains
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (10:24 AM)
    Article très bien écrit et très instructif.

    Féliictations.
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (10:29 AM)
    le PPP est pour les pays a ressources importantes mais avec des qualifications (expertises) faibles. par contre un model innovant est élaboré pour les pays pauvres et le cas est celui du Sénégal. il s'agit d'un Partenariat Public, Privé, Professionnel, Particulier, Population. Voir le site 3w.colier.sn. ou Plateforme COLIER sur facbook..
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (10:30 AM)
    Article tres instructif!   <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/bravo.gif" alt=":bravo:">    <img src="https://images.seneweb.com/content/seneweb/generic/images/smileys/bravo.gif" alt=":bravo:">   :brawoo:  :brawoo:  :brawoo:  :contaan: 
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    Auteur

    Felicitations Seneweb

    En Mai, 2015 (10:40 AM)
    Article tres bien ecrit et comprehensible.

    Continuez, vous etes sur la bonne voie.

    Merci d'alerter l'opinion publique, et nos politiques, sur les dangers de ce partenariat.

    Helas, j'ai bien peur que nos politiques s'en moquent. Entre notre president qui veut coute que coute se faire reelire par tous les moyens, la forte probabilite de corruption de ce secteur (cf. ex du Quebec) et le manque de patriotisme de nos dirigeants, nous et surtout nos enfants en avons encore pour des decennies a payer des "dettes honteuses" engagees en notre nom, sans que nous en beneficions reellement.
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (10:44 AM)
    Bravo pour votre dossier très bien présenté. Vous avez bien fait d'alerter les sénégalais sur la pratique du "PPP". C'est un instrument qu'il faut utiliser avec beaucoup de précaution pour éviter de mettre en danger les deniers publics. J'espère que beaucoup de sénégalais prendront connaissance de votre dossier.
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    Auteur

    Pro

    En Mai, 2015 (10:45 AM)
    Pour une fois félicitation Seneweb. Ca nous change de vos articles polémistes, corporatistes et politiques avec des partis pris flagrants.



    Keep going!!! :thumbs_up: 
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    Auteur

    Oki

    En Mai, 2015 (10:49 AM)
    Excellent article qui éclairera la lanterne de beaucoup! Continuez à travailler sur des documents de ce genre : terminologie, exemples concrets, avis d'un expert et chute sous forme d'alerte. Bravo! :sunugaal: 
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (11:13 AM)
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (11:20 AM)
    Le ppp a de beaux jours devant nous en Afrique. Nos hommes politiques se foutent des conséquences pour les générations futures. La seule chose qui les intéresse ,c'est l'argent des pots de vin ,l'argent facile. Leur horizon se limtite au temps de leur mandat. Nos politiciens sont un cancer pour les populations. Pour s'en convaincre,jeter un coup d'œil sur le financement de l'autoroute à péage car comment accepter que l'état finance 318milliards sur 380 puisse laisser effage exploiter pour 30ans. La salle de conférence est un scandale financier,(son coût réel ne devait pas dépasser le 1/5 des sommes annoncées -demandons une contre évaluation -) ,l'université de diamniadio ,MÊME COUT QUE LA SALLE DE CONFÉRENCE. Bizarre ,Bizarre ,Bizarre. Le Sénégal est mal barré. LA PYRAMIDE EST RENVERSÉ ,LE BAS EST AUX COMMANDES,ATTENDEZ VOUS AU PIRE



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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (11:31 AM)
    si l on part du meme pied dans ce type de partanariat ,il n y a pas en principe de probleme.Mais avec la cupidite de nos gouvernants,les interets des populations sont tjr relegues au second plan. Le risque de corruption etant plus elevé avec les ppp,vaut mieux voir d'autres modes de financement des projets.
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    Auteur

    Wazir

    En Mai, 2015 (11:32 AM)
    c'est intéressant,persévérence
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    Auteur

    Mgueye

    En Mai, 2015 (12:15 PM)
    le ppp est aussi l arme utilisé pour zapper les entreprises Nationales PME PMI

    je rêve q un jour les senegalais respecterons leur con citoyens et que décideront de construire ce pays par eux même

     :sunugaal:  :sunugaal: 
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (12:43 PM)
    " LES DEUX VOLEURS SE BATTENT " : MAR DIOUF EX MAIRE DE BARGNY FINANCIER DU PS TRAINE LE SECRETAIRE GENERAL DE LA COMMUNE DE BARGNY ASSANE DIOUF , SON EXCOMPLICE EN PRISON POUR ESCROQUERIE, FAUX ET USAGE DE FAUX.
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (15:09 PM)
    Article nul parce que tendancieux, il est vrai que les PPP ont connu des dérives, mais la maîtrise d'ouvrage publique traditionnelle est encore pire en Afrique.



    Le manque d'attention donné à la programmation et la préparation et la durée de réalisation souvent trop longue produisent des projets mal spécifiés, mal planifiés, mal bouclés (sur les plans contractuel et financier), mal réalisés. Voila entre autres les principales raisons des surcoûts liés au projets publics qu'ils soient en contrats traditionnels ou en PPP.



    Les africains sont incapables de spécifier correctement leurs besoins, c'est pourquoi ils sont toujours perdants dans les contrats signés. Le personnel politique et technique n'est pas à la hauteur car plus soucieux d'exploiter leur position pour la recherche de prébendes ou de votes.



    Cet article et ses commentateurs semblent être faits sur commande, c'est vraiment dommage pour la noble profession de journaliste qui semble avoir muté en pressetitution.
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    Auteur

    Xamlee

    En Mai, 2015 (16:11 PM)
    J'informe le Président Macky Sall que son ami et promotionnaire M.F.ND est malade et a besoin de son aide
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    Auteur

    Deug

    En Mai, 2015 (16:39 PM)
    tres bonne replique. il n'y a pas plus nullard que l'auteur du poste No 24. degoutant.
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    Auteur

    Anonyme Peuls,

    En Mai, 2015 (16:47 PM)
    Le site Ferloo.com a publié une réflexion du Prof. Moustapha Kassé, Doyen honoraire de la FASEG - UCAD, intitulée "Quand l'incivisme plombe la croissance". Ferloo.com annonce d'emblée d'être heureux de partager cette précieuse réflexion avec ses lecteurs-lectrices, mais, pensons-NOUS, avec tout Sénégalais sincèrement préoccupé de la situation catastrophique dans laquelle se trouve le Sénégal depuis le 01.01.1963. Cette réflexion académique est une scientifique-pragmatique analyse économique, sociologique, juridique, politique, historique, culturelle. Tous les maux qui ravagent-dévastent-souillent-déchirent-humilient-dénaturent-abîment le Sénégal, leurs sources vraies, y sont mis en exergue ("COMPORTEMENTS ET ATTITUDES QUI FREINENT LA CROISSANCE ET LE DEVELOPPEMENT; les attitudes à l'égard du travail; l'attitude à l'égard du progrès matériel; l'attitude à l'égard de l'accumulation des richesses; l'attitude à l'égard de la corruption: quand la fin justifie les moyens; l'attitude à l'égard de l'Etat et du service public: absence totale d'une éthique de l'intérêt général et du souci du bien commun; ainsi de suite). Quelque fois le Prof. Kassé a une approche pédagogique pour inciter ou stimuler le lecteur ou la lectrice à être plus exigent-e avec sa cervelle afin de décrypter ce qui y est invisible à l'œil nu. Le Prof. Kassé a évidemment indiqué les voies à suivre pour que le Sénégal trouve enfin des solutions adaptées pour la résolution de ses cruels problèmes. Bref, cette réflexion du Prof. Kassé doit être diffusée partout, traduite dans toutes les langues codifiées nationales, parce qu'aussi elle contient des éléments de réflexion qui conduiraient à identifier les intentions de ces auteurs - autrices de telle ou telle prise de position, écrite ou verbale soit-elle. Le Sénégal est malade! Gravement malade. Depuis le 01.01.1963. Cinquante deux ans déjà! Le déracinement complet de l'abjecte-crétinisante mentalité radicalement enracinés dans le funeste axe de tous les maux-affluents s'impose à tous les niveaux-dans tous les secteurs! Gage d'une sortie honorable du Sénégal des catastrophes catastrophiques qui l'enchâssent depuis belle lurette. Seul moyen licite-moral-légal-digne-humain de loger à jamais dans les calendes grecques le déclenchement au Sénégal de sa première sanguinaire guerre civile généralisée. Peuls.
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (18:46 PM)
    je pense que cet article a fait une analyse unilatèrale de la situation des ppp.toutefois il a le grand mèrite de soulever le débat et de donner des èclaircissements sur les dangers des ppp afin dattirer lattention de tousje pense que cet article a fait une analyse unilatèrale de la situation des ppp.toutefois il a le grand mèrite de soulever le débat et de donner des èclaircissements sur les dangers des ppp afin dattirer lattention de tous.
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    Auteur

    Mbaye

    En Mai, 2015 (20:12 PM)
    FAUT METTRE EN VALEUR CES GENRES DE DOSSIERS SENEwEB..... :taala_sylla: 
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    Auteur

    Lamine

    En Mai, 2015 (22:53 PM)
    Le caractère PPP de AIBD reste à démontrer .Le financement est remboursé par une taxe surles billets d avion d où d ailleurs la cherté de la distinction. J aimerais bien que on explique le rôle du privé dans ce montage
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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (22:55 PM)
    Que le ministre de l'enseignement supérieur parle des nouvelles attributions de bourses étrangères. Bientôt la fin de l'année universitaire en France et jusqu'à présent à chaque fois que tu appelles à l'ambassade ; soit on ne te répond pas, soit on te dit les bourses ne sont pas encore sorties. Voilà ce que vous appelez plan Sénégal émergent.. :emoshoot:  :fbhang:  :frustre: 
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    Auteur

    Anonyme Peuls,

    En Mai, 2015 (08:55 AM)
    Pr. Moustapha Kassé, Doyen honoraire : «Quand l’incivisme plombe la croissance!»

    Ecrit par Banel • Le 22 mai 201522 mai 2015 • Dans Economie, Une 1 Commentaires, Lu 508 fois

    Ferloo.com – Chers lecteurs, nous sommes heureux de partager avec cette importante réflexion du Pr. Moustapha Kassé, Doyen honoraire de la FASEG, UCAD faisant un lien entre l’incivisme et la faiblesse de la croisance.

    INTRODUCTION GÉNÉRALE

    On peut se demander au premier abord si l’économiste a quelque compétence pour étudier les rapports entre civisme et développement. Dans la pensée économique néo-classique dominante, le développement est réduit à des conceptions de techniques strictement économiques et ne met en jeu que des variables de même genre assimilé à la notion de croissance signifiant l’accroissement pendant une période soutenue d’une grandeur de dimension nationale : le produit national brut ou le revenu national.

    Cet accroissement sera rendu possible et efficace grâce à l’élaboration de politiques macroéconomiques pertinentes fondées sur les postulats de l’économie pure et des comportements de l’homo économicus qui est une créature se présentant de façon isolée sur le marché, dépourvue de passé historique, d’opinion politique et de relations sociales en dehors des simples échanges marchands et qui agit selon les principes de la rationalité pure et maximise sa satisfaction sous contrainte. Dans cette optique, les relations hors marché et les institutions n’entrant pas dans le cadre du marché sont supposées n’avoir aucune répercussion significative sur les activités de développement économique et social.

    En conséquence, les économies ont une nature statique et dépourvue de passé, le changement et les évolutions marquantes ne résultent que des seules variables économiques et technologiques. Ainsi, débarrassées des relations sociales et de leur dynamisme historique, les économies sont réduites à de simples appareils techniques servant à l’allocation des ressources rares. Cela permet aux théoriciens de s’installer dans un monde des harmonies universelles et des modèles formels en faisant impasse sur les relations déterminantes entre les structures économiques et les structures d’encadrement que sont les structures mentales, sociales, politiques.

    I/ DE QUELQUES RÉFÉRENCES THÉORIQUES.

    Aujourd’hui, beaucoup de chercheurs remettent en question cette opinion bien étroite et admettent que les structures d’encadrement peuvent constituer de véritables freins à la croissance économique. Il est généralement démontré, en Afrique, que les performances économiques médiocres des politiques de développement appliquées depuis cinq décennies prennent leur source pour l’essentiel dans le caractère réducteur du modèle néolibéral et surtout dans ses analyses prétentieuses, étroites, simplistes qui ignorent les interactions des structures économiques et des structures d’encadrement lesquelles peuvent accélérer ou freiner la croissance en cas d’incompatibilité.

    En effet, il est impossible d’étudier les problèmes du développement sans prendre en considération le contexte. Tout développement économique doit s’insérer dans une biologie sociale laissant apparaitre deux attitudes possibles : celle de l’ingénieur qui s’en remet à la mécanique et à la technique et celle du biologiste qui tient compte de tous les éléments de l’environnement. Cette deuxième vision me paraît plus féconde. Elle explique qu’il faut compléter l’analyse en intégrant des variables extra économiques.

    Pareille opinion peut être appuyée par un important référentiel d’auteurs qui ont soutenu l’importance des aspects non économiques dans les processus de croissance et de développement depuis Adam Smith, Stuart Mill (à qui on doit la première théorie de la croissance), J. Schumpeter jusqu’aux auteurs contemporains comme Schultz, D. North et Fogel, Lucas, Romer, Barro, J. Stiglitz, O. Williamson ainsi que tous les théoriciens des institutions et de l’agence sans oublier les auteurs des autres sciences sociales sociologues, juristes et historiens.

    Dès lors, il faut identifier l’ensemble des conceptions, des valeurs éthiques, des croyances, des idéologies et des représentations des « faiseurs de développement » qui ont longtemps été masquées par des modèles macroéconomiques qui semblaient fonctionner sans eux. Ces variables sociologiques, morales, politiques et sociales ont la forte capacité de commander ou d’orienter l’activité économique comme l’ont clairement établi les travaux de Max WEBER sur l’influence de l’éthique protestante dans le décollage économique des pays capitalistes ou ceux de SOMBART sur la contribution de la mentalité juive dans la réalisation de la révolution industrielle en Europe.

    Pour ces auteurs, trois attitudes paraissent essentielles pour le développement économique et social du fait des valeurs qu’elles véhiculent et qui influencent très fortement la croissance économique et le développement:

    l’attitude à l’égard du travail social considéré comme le moteur de toutes les révolutions économiques et politiques (des civilisations antiques, aux religions révélées jusqu’à K.Marx);

    l’attitude à l’égard du progrès perçu au double niveau d’une quête permanente des innovations créatrices et de l’accumulation de ressources à des fins d’investissements productifs;

    l’attitude à l’égard du temps autrement considéré comme un bien rare qui a un prix et non exclusivement l’attribut d’une divinité. Ces trois attitudes forment ce que j’appellerais les structures mentales ou l’outillage mental compris comme l’ensemble des concepts, des croyances et des représentations qui ont cours dans une société et que l’on doit infléchir dans un sens favorable au développement. Elles expliquent pour une très large part, la conception que l’homme se fait de ses relations avec les principaux facteurs de croissance, conception active ou conception passive, acceptation de son état ou volonté de le transformer et de l’améliorer.

    C’est pour cette raison qu’il est souvent souligné que le développement est une question de mentalité. On comprend dans cette optique le rôle éminemment positif que doit jouer le civisme accepté comme un ensemble de valeurs et de comportements qui agissent sur la conscience de l’être humain, pour lui inculquer une attitude positive, se traduisant par le respect de soi-même, le respect d’autrui, le respect des institutions que les populations se sont données librement. Les règles de civisme invoquées ou imposées par un donneur d’ordre peuvent alors entraîner des attitudes favorables au développement économique. Alors se pose la question de savoir quels sont les comportements et attitudes qui freinent ou accélèrent la croissance et le développement ? Et en conséquence, comment les mettre en œuvre ?

    II/ COMPORTEMENTS ET ATTITUDES DES ACTEURS QUI FREINENT LA CROISSANCE ET LE DÉVELOPPEMENT.

    Depuis longtemps les modèles de développement font l’objet de débats surtout en Afrique avec la persistance de la crise des économies et les résultats catastrophiques de l’ajustement structurel appliqué depuis plus de trois décennies et que l’on perpétue avec un aveuglement et un autisme absurde sous des formes plus douces et plus malicieuses avec la coupe réglée et la tutelle des institutions financières internationales (prescription d’un cadrage macroéconomique, haute surveillance des déficits et de l’endettement)

    L’aboutissement logique de ces projets et programmes est que le développement des pays devra être impulsé de l’extérieur et pour y arriver il suffit simplement d’organiser la mobilité des capitaux, de transférer les technologies et les cultures qui les accompagnent. Les proclamations sur l’émergence actuellement en cours omettent de rappeler que les pays émergents ne sont pas arrivés là où ils sont par hasard. Ils ont réussi à sortir du sous-développement en appliquant d’excellentes visions stratégiques qui reposent solidement sur les vertus prussiennes de travail, de rigueur, de discipline, d’épargne et sur le secteur privé soutenu par un patriotisme économique réfléchi et courageux





    1°) Les attitudes à l’égard du travail : on travaille mal et pas assez ce qui se répercute sur la productivité et compétitivité. Travaille dur pour conserver ton emploi, sinon tu vas travailler dur pour en trouver un.

    Tous les constructeurs de système sociétal ont toujours fondé leurs conceptions sur le travail rédempteur et créateur de richesses. Ce propos peut être illustré par certains exemples assez édifiants : un exemple religieux : «tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », recommandait le Tout-Puissant à Moïse sur le mont Sinaï, Sérigne Touba Khadimourassol en a fait un solide pilier de la mourridiyya et tous ses Khalifes ont perpétué cette conduire; un exemple de théorie économique : la valeur d’un bien est déterminée par le temps de travail socialement mis pour sa fabrication et des exemples de politique économique : les différentes révolutions industrielles en Europe et dans le Monde se sont déroulées dans des conditions de travail surexploité.

    Plus édifiants encore sont les « ateliers de sueur » qui ont permis aux pays asiatiques de vaincre le sous-développement dans l’intervalle d’une génération et d’être le pôle émergent qui fournira plus de la moitié du surcroît de la production mondiale. La question qui découle de ces exemples est celle de savoir quelle est l’attitude des acteurs sociaux à l’égard du travail ?

    Trois faits massifs méritent d’être soulignés et sérieusement analysés.

    Le premier fait concerne les cérémonies familiales et les nombreuses activités de loisirs qui démobilisent tout le corps social et particulièrement sa composante la plus valide : la jeunesse.

    Le second fait est relatif à la multiplicité des fêtes officielles qui sont des charges exorbitantes pour les entreprises et partant diminuent leur compétitivité structurale.

    Le troisième fait est la faible productivité du facteur travail dans tous les secteurs d’activité. En prenant le cas de l’agriculture on s’aperçoit que les hommes consacrent au travail 103 jours, soit 600 heures par an et les femmes 155 jours, soit 1.100 heures. Dans les mêmes climats et sur les mêmes sols, le rendement moyen par actif rural et par hectare cultivé est presque 10 fois plus élevé en Asie.

    Que faut-il alors faire pour promouvoir une société de travail, c’est-à-dire une société qui se construit autour des valeurs qui agissent sur la conscience des citoyens pour leur inculquer en permanence des attitudes favorables au travail productif et créatif. Il faut certainement aller bien au-delà de simples appels pathétiques de nos leaders à la conscience professionnelle.

    2°) L’attitude à l’égard du progrès matériel : faible importance attachée aux innovations de développement et à l’épargne.

    Si nous réduisons le progrès matériel à deux variables fondamentales, l’acceptation des innovations technologiques et la recherche, il devient intéressant de savoir si la recherche de ce progrès est tenue pour une finalité de l’activité des citoyens sénégalais. La recherche n’intéresse personne, les preuves ne manquent pas : investissements public et privé dérisoires, les fondations existantes comme les sponsors récompensent principalement les politiciens et les sportifs. Le cas de la lutte sénégalaise est symptomatique au point qu’elle passe pour le LMD (Lutte, Musique, Danse) sponsorisé pour la jeunesse. Pour ce qui est des innovations, la réceptivité des sénégalais est presque parfaite : vivacité d’esprit, intelligence ouverte à toutes mutations, très forte propension à l’initiation, système éducatif et de formation de bon niveau, mais qui se détruit faute de réformes profondes. Toutes ces raisons font que la dotation de notre pays en ressources humaines est une des meilleures en Afrique francophone.

    3°) L’attitude à l’égard de l’accumulation des richesses

    Cette attitude soulève les questions suivantes : la richesse est-elle source de consommation, moyen de prestige ou instrument de progrès économique par accumulation et investissement ? Commençons par élucider le lien entre accumulation et développement. Notre pays a besoin d’une croissance rapide, accélérée, harmonieuse et aux taux le plus élevés possible compte tenu des ressources disponibles.

    Or, le taux de croissance est une fonction directe du taux d’accumulation donc de l’épargne. En conséquence, il ne peut avoir de développement sans une conciliation entre les capacités de génération (production) et d’absorption (consommation) des surplus. Historiquement, les richesses qui se formaient étaient systématiquement détruites par des mécanismes divers (cérémonies, legs, dons …) ; cela pour maintenir la cohésion et empêcher toute différenciation sociale remarquable.

    Cette tradition s’est renforcée aujourd’hui entraînant une véritable dilapidation des ressources à l’occasion d’interminables cérémonies de tous ordres. L’interférence de deux valeurs l’une traditionnelle le « navle » et l’autre moderne le « pouvoir d’achat » entraîne une surenchère dans les dépenses somptuaires par effet d’imitation et de démonstration que les économistes connaissent bien à travers les effets Dussenbery/Giffen.

    Ce double mécanisme finit par liquider ou amoindrir les capacités d’épargne des individus. Les ressources publiques comme celles provenant de la corruption seront détournées par les individus au profit de la famille élargie ou des groupes ethniques. La conséquence est que l’épargne sera faible ainsi que les possibilités de financer les investissements personnels. Il nous faut réfléchir sur ces expériences des pays asiatiques dont le mode d’organisation sociale n’est pas trop éloigné du nôtre. L’individu y acquiert son identité par son appartenance à la famille. La société est un tout où l’individu, quel qu’il soit, est enserré dans un réseau de relations préétablies. Toutefois, les relations interpersonnelles sont très fortement hiérarchisées si bien que chacun cherchera à établir des liens sociaux verticaux (de supérieur à inférieur), plutôt qu’horizontaux (entre égaux). La philosophe de CONFUCIUS est transposée dans l’activité productive de même que le développement de l’esprit de solidarité et de groupe : «Que le prince soit prince, que le sujet soit sujet, que le père soit père et que le fils soit fils».

    Dans ces sociétés asiatiques, les taux d’épargne sont très élevés, car les agents économiques considèrent, dans un premier temps, que les surplus de revenus qu’ils obtiennent sont provisoires et qu’il vaut mieux les mettre de côté pour les temps difficiles. Différemment, le système africain qui, par ses réseaux de solidarité, détruit socialement tous les surplus offre un filet permanent de sécurité sociale. Les élites asiatiques ont mieux utilisé les ressources de la prédation avec la confiance faite à leurs propres institutions. C’est la différence avec les africains qui consacrent leurs ressources à la consommation de luxe ou les placent avec opacité dans la systèmie bancaire extérieure.

    Comment ajuster les comportements d’épargne des individus pour qu’ils soient d’une part plus favorables à l’investissement et d’autre part mieux corrélés aux risques et à l’incertitude ? Comment imposer un civisme dans la gestion des ressources individuelles ? Faut-il agir sur le modèle de consommation, sur l’environnement social ou sur les incitations ? La question est importante. Il s’agit de savoir si le temps est un élément sur lequel l’homme n’a aucune prise ou alors si le temps est un bien rare qui doit être aménagé et qui a un prix. Dans la société sénégalaise d’aujourd’hui, c’est la première perception qui prévaut, ce qui se traduit par un attentisme dans l’élaboration comme dans l’exécution des décisions.

    4°) L’attitude à l’égard de la corruption : quand la fin justifie les moyens.

    Cette question est décisive dans les économies de marché où la transparence devrait permettre un fonctionnement efficace des relations marchandes et des règles de compétition. Les Institutions Financières Internationales s’intéressent bien après les théoriciens, à l’économie politique de la corruption. Analysant ce phénomène, un auteur comme le Prix Nobel G. BECKER estime qu’il s’agit de la confrontation d’une offre et d’une demande selon les principes de l’économie du crime qui permet à des individus de disposer d’avantages indus sans payer ou d’une rente de situation. Les contractants comparent les gains probables et les risques potentiels.

    En revanche, pour la société comme pour les citoyens la corruption impose des coûts moraux, politiques, sociaux et économiques. Ces coûts économiques se traduisent par le gaspillage des fonds publics, l’octroi de rentes de situation parasitaires, la concurrence déloyale pour les entreprises, des pertes de revenus budgétaires et de crédibilité pour l’ensemble du système social. Par ailleurs, elle remet en question l’égalité de traitement des citoyens et l’égalité des chances des entreprises en régime de concurrence. En conséquence, si on laisse la corruption s’incruster et se développer, il va se former des échanges sociaux complexes avec des réseaux qui vont viser à sécuriser les transactions délictueuses hors marché au détriment de l’économie nationale.

    5°) L’attitude à l’égard de l’État et du service public : absence totale d’une éthique de l’intérêt général et du souci du bien commun.

    L’émergence en Asie est partie d’un État fort adossé sur des institutions stables, utilisant les savoirs et les talents. Il a été qualifié d’ « État pro » c’est-à-dire producteur, promoteur, programmeur et prospecteur. Au contraire de l’Asie, en Afrique les politiques néolibérales ont opéré un véritable démontage des pouvoirs de l’État. Pourtant, contextuellement, l’État y est doublement précarisé en haut par la mondialisation et en bas par l’économie informelle dominante. A cela s’ajoute une crise chronique de ses finances publiques du fait de multiples prédations des divers acteurs qui le rendent incapable de disposer de fonds d’accumulation pour investir dans les secteurs créateurs d’externalités positives: infrastructures, éducation et formation, santé, environnement, etc. Cette prédation concerne d’abord les entreprises (incivisme fiscal qui se traduit par le non accomplissement des obligations, intéressement social, patriotisme d’entreprise), les élites administratives et politiques et les citoyens. Les élites asiatiques ont mieux utilisé leurs ressources de la prédation, de la corruption en faisant confiance en leurs institutions. C’est le contraire avec les élites africaines qui ont consacré leurs ressources à des placements à l’extérieur ou à des consommations somptuaires.

    Il manque aux acteurs une éthique de l’intérêt général c’est-à-dire le souci du bien commun ou la recherche d’un optimum social. L’aboutissement de cette situation se traduit dans les malversations financières, la gestion non transparente et gabégique du secteur public, la démultiplication des passe-droits, la promotion et la protection de l’incompétence, la violation des règles d’une compétition stimulante, etc. Pour sûr de tels comportements conduisent un pays à la ruine. Le civisme est alors cette vertu cardinale consistant à préserver le bien public, à s’intéresser à la vie sociale et politique, à se plier aux disciplines nécessaires, à respecter les lois légitimes ainsi que les autorités chargées de les appliquer.

    Ces qualificatifs ressortent de la bonne gouvernance concept qui a permis aux institutions financières internationales de sortir de l’impasse des années 1970 et 1980 quand elles préconisaient un libéralisme économique forcené hostile à l’État dont l’immixtion dans l’économie était considérée comme la cause principale des déséquilibres. Dans cette optique, les questions essentielles qui se posent au niveau de la gouvernance auront trait à une organisation plus efficiente du secteur public, plus responsable, plus transparente et plus axée sur la satisfaction des besoins des populations ; une organisation et une gestion plus efficiente des ressources humaines ; un renforcement des capacités de formulation des politiques et de suivi de leur application ; un renforcement des systèmes de contre-pouvoirs (pouvoir législatif, judiciaire, société civile, groupe de pression) afin de leur donner la capacité de suivre et d’évaluer les politiques.

    6°) Attitude face au modèle de consommation extraverti avec une hyperconsommation urbaine de biens importés : Consommer plus de tout et de partout pour aller où, pour faire quoi ? Nul ne sait, mais allons-y gaiement!

    Les distorsions constatées entre structures productives et structures de consommation proviennent principalement à des comportements de consommation largement conditionnés par l’extérieur, à des contingences historiques, des traditions productives technologiquement attardées. C’est ainsi que dans le domaine agricole, la perpétuation après 1960 de l’agriculture coloniale de traite et d’un système d’accumulation fondé sur la rente agricole et minière, a inexorablement conduit le pays à une crise agroalimentaire qui a provoqué une explosion des importations de produits alimentaires. Rompre avec l’hyperconsommation extravertie des classes moyennes facteur du déficit chronique de la balance commerciale et de blocage du marché intérieur: absence de patriotisme économique et symptômes d’un pays qui travaille pour l’extérieur. Le patriotisme économique que tous les pays pratiquent sans jamais le dire et qui peut se traduire par la rupture d’avec un modèle de consommation extraverti qui accentue les déséquilibres commerciaux

    Il reste beaucoup d’autres attitudes importantes qui devraient être analysées comme par exemple celles concernant la confiance qui facilité les transactions entre agents économiques et celles relatives à l’acceptation des décisions dans un système démocratique ou également « le patriotisme économique ».

    III/ COMMENT MODIFIER LES COMPORTEMENTS ET DEVELOPPER LE CIVISME: CONVAINCRE OU CONTRAINDRE POUR UNE NOUVELLE CITOYENNETÉ.

    Les comportements et les attitudes civiques favorables au développement économique et social peuvent être transcrits en règle normatives claires et précises du genre :Le travail tu exécuteras avec conscience et abnégation (Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké, Khalife Général des Mourides) ; Le loisir tu accepteras comme complément au travail ; les ressources tu géreras avec des anticipations rationnelles ; le service et les biens publics tu respecteras (Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké) ; La confiance tu cultiveras (Cheikh Sidy Moukhtar Mbacké) et la corruption tu combattras, etc.

    Tous les Chefs d’État ont lancé sans grand succès, cette mobilisation du pays pour le travail et les comportements civiques : « debout frères » de Léopold Senghor, « le sursaut national » d’A. Diouf, « travaillez, encore travaillez, toujours travailler d’Abdoulaye Wade et « combattre l’absentéisme » de Macky Sall. Pour que ces prescriptions ne soient pas une sorte de code éthique ou une kyrielle de vœux pieux, il faut les traduire en mécanismes institutionnels ou en règle juridiques et se donner les moyens de les faire respecter.

    Je développerais particulièrement les aspects institutionnels. Toutefois, en partant d’un double éclairage pour mieux cerner les valeurs civiques d’appel qui permettent d’atteindre les objectifs de développement préalablement fixés. Le premier éclairage est que notre Parti social-démocrate qui a l’ambition d’édifier une économie performante caractérisée par une croissance aussi forte et aussi continue que possible et qui confère une égalité des chances aux citoyens et une répartition équitable des fruits du travail. Le second éclairage est une volonté de moderniser le pays en s’adossant sur toutes les valeurs positives de notre culture nationale.

    2°) Les principes fondateurs d’une nouvelle citoyenneté

    Quels que soient les moyens que se donne une société démocratique pour maîtriser son développement, elle ne peut les faire accepter que si les buts qu’elle se fixe sont clairement dégagés et ressentis comme prioritaire par la majorité des citoyens. C’est dire que seul un « projet collectif », rendant convergentes et cohérentes les aspirations des populations est de nature à les mobiliser et à leur faire accepter les changements favorables au progrès économique et social.

    Les axes de ce projet de société peuvent se résumer comme suit : l’édification d’une économie performante de croissances ; l’orientation de cette croissance dans le sens de la satisfaction des besoins de base c’est-à-dire les besoins de se nourrir, se loger, se former et se soigner ; le respect de l’égalité des chances de tous les citoyens dans un système démocratique concurrentiel; l’instauration d’un modèle de justice sociale et de répartition équitable des fruits de la croissance et la participation des populations, par le biais de la décentralisation, à la définition et à l’exécution du projet collectif. Dans ce projet collectif de société, il est reconnu aux citoyens des droits économiques et un égal accès aux services sociaux de base. Dans le cadre que voilà, le civisme devient une vertu cardinale qui oblige les citoyens à observer des attitudes responsables pour préserver les biens publics et élargir les droits collectifs.

    3°) Les moyens juridiques, institutionnels et politiques de la mise en œuvre

    Si les valeurs civiques ont une importance aussi capitale, il faut s’interroger sur les moyens dont dispose un État démocratique pour les imposer et les faire respecter. Ces moyens peuvent être de trois ordres : juridiques, institutionnels et politiques. Le premier moyen auquel on pense est relatif à l’utilisation de la loi et des règlements. Cela devrait alors se ramener à la traduction des valeurs civiques en règle de droit dont la violation est réprimée par les tribunaux au nom de la défense des intérêts supérieurs de la société. Dans ce cadre notre pays avait très tôt légiféré sur les cérémonies familiales qui occasionnent des dépenses somptuaires à la fois improductives et ruineuses.

    Nous devons réexaminer sans complaisance cette question pour évaluer tous les obstacles qui ont fait capoter cette législation qui limitait ou interdisait certains gaspillages de ressources rares. Il importe de réactualiser cette législation et de combattre les comportements nuisibles en l’appliquant de manière stricte et contraignante. Dans la même direction, il est souhaitable d’élaborer au plus vite une législation anticorruption qui s’inspirerait des lois anti-trust américaines qui ont eu par moment une efficacité redoutable avec le démantèlement de certains monopoles caractérisés par leur l’incivisme fiscal .

    Le deuxième moyen pour promouvoir les valeurs civiques passe par la mise en place d’institutions et de mécanismes d’incitations et de motivation. Il s’agit de la mise en place de sanctions positives pour amener l’individu à adopter un comportement civique. Cela pourrait être le cas pour l’épargne (incitation à épargner) ou pour le travail avec l’instauration d’une rémunération à la tâche ou à la productivité. Les récompenses et les décorations peuvent aussi avoir une fonction de motivation pour les bénéficiaires.

    La troisième catégorie de moyen est de nature politique et consisterait à l’implication des formations politiques, des organisations de masse, de la société civile, des syndicats qui ont à jouer des rôles de premier plan dans des campagnes de sensibilisation et de promotion des valeurs civiques.. Ces campagnes doivent être menées en ciblant des groupes précis autour de la culture de la responsabilité citoyenne et au développement du sens civique.

    EN GUISE DE CONCLUSION

    Tous les auteurs qui ont travaillé sur le capital social établissent que ce concept est compris comme un ensemble complexe de valeurs, de normes comportementales, d’obligations et de canaux d’information visant à instaurer la confiance, à garantir l’application des contrats, à instituer des mécanismes d’assurance et à favoriser l’apprentissage social (Putnam, 1993). L’effet du capital social sur la croissance et le développement est l’effet d’une force très qualitative, plutôt qu’une quantité agrégée, dont la mesure est aussi délicate et problématique que celle du capital physique.

    Cela étant, ils démontrent que le développement d’une nation est tributaire du civisme et de la bonne gouvernance. Dans ce sens, R.D. Putnam dans ces recherches soulignent un fort lien entre la performance des institutions politiques et le caractère de la vie civique, ce qu’il appelle la “communauté civique” impliquant l’égalité des droits et des obligations pour tous. Les citoyens dans cette communauté civique sont vertueux, serviables, respectueux et confiants les uns envers les autres et agissent comme égaux.

    Pour que cette communauté civique respecte les règles de vie en société, elle doit être soutenue par des organisations civiles et politiques portées par des valeurs d’égalité principe fondamental de l’ordre social, de participation à la gestion de biens publics, de justice sociale, et de mise à niveau des mentalités et des comportements. Sans ces valeurs, il ne saurait exister de développement économique et de construction de la démocratie.

    Dans cette optique l’intervention de l’Etat providence est indispensable ce qui appelle la création d’institutions efficaces capables de créer des incitations favorables à l’activité productive des citoyens. Dans ces conditions, les citoyens peuvent exercer leurs droits, assumer leurs devoirs, accomplir leur travail avec rigueur et conscience, respecter les lois et les règlements, agir solidairement pour la préservation des biens publics et préserver l’environnement.

    Quelles que soient les orientations et les moyens que met en place une société démocratique pour maîtriser son développement, elle ne peut les faire accepter que si les objectifs sont ressentis comme prioritaires par la majorité des populations, mieux si on arrive à transformer en programmes leurs espérances. Cette dynamique est porteuse de progrès économique et social, d’innovation et de créativité. Elle doit être appuyée par une mobilisation des populations et des acteurs économiques au service de l’intérêt national.

    Ce faisant, notre pays pourra faire fonctionner efficacement un système politique démocratique et une économie performante en ne se fondant que sur ses valeurs et comportements civiques consensuellement acceptés et généralisés à l’ensemble du corps social. Il faut persévérer avec plus vision stratégique et plus d’audace politique et ce sera alors le temps de tous les espoirs.



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    Auteur

    Anonyme

    En Mai, 2015 (10:05 AM)
    Merci beaucoup.malheureusement ceux savent ne sont jamais écoutés.ceux qui devaient ne savent rien et les soi - disant intellectuels ne pensent qu'à leur ventre.
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    Auteur

    Max

    En Mai, 2015 (22:26 PM)
    C'est triste de voir un si bon dossier enterré ci bas...  :taala_sylla: 
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    Auteur

    Mounos

    En Juin, 2015 (17:20 PM)
    A y les réfléchir sérieusement, nous, peuple nègres d'Afrique sommes bizarres ! Prenons nos rapports avec les MAROCAINS . Voilà un peuple, une Monarchie, qui ne veut plus faire partie de notre organisation : Union Africaine depuis des décennies parce que le POLISSARIO a été admis en notre sein. A un moment donné et jusqu'à la crise de l'Europe, le ROYAUME CHERIFIEN et tous ses sujets n'avaient que d'yeux pour les Européen allant même jusqu'à demander à intégrer l'UNION EUROPEENNE ! Ayant constaté l'avenir économique dans les trente années à venir est sur le CONTINENT NOIR, voilà ces mêmes marocains QUI ,flaîrant les milliers de milliards des différents PSE des pays d'AFRIQUE noire veulent amadouer les AFRICAINS qui, selon leurs raisonnement seraient dese attardés chez qui il y aurait des milliards à se faire grâce au dynamisme de leurs entrepàrises qui pourraient faire comme faisaient les sociétés Françaises dans les années 60 ! Pendant ce temps aucun commerçant, aucun entreprneur Sénégalais n'oserait aller concurrencer leurs commerçants et entrepreneurs sur leur sol ! Il n' y a que KAMA et Kane qui s'opposent à cette mascarade que nous préparent les Marocains ! Quand Mamadou Ibra Kane a posé la question au ministre Marocain des Affaires Etrangère sur les secteurs où des Sénégalais pourraient aller investir au Maroc, il a éludé par deux fois, mais malheureusement IBRA KANE n'a pas osé insisté sur la question ! Malins, les Marocians qui ne voulaient pas faire pàartie de NOUS !
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